Avant de céder une entreprise, il est nécessaire d’en déterminer la valeur. Pour livrer l’estimation la plus objective possible, plusieurs techniques peuvent être utilisées. Dans cet article, nous nous intéressons à la méthode de valorisation patrimoniale, basée sur l’historique de la société. Comment définir la valeur patrimoniale d’une entreprise ? Quels sont les critères qui entrent en jeu dans cette méthode patrimoniale ? Explications.
Quel est le principe de la méthode patrimoniale ?
La méthode patrimoniale est une analyse financière qui prend en compte l’historique de l’entreprise. De sa création à sa cession, toute entreprise engrange des richesses mais aussi des dettes qu’elle doit aux investisseurs et associés. Le principe de la méthode patrimoniale est alors d’identifier tout ce qui constitue l’actif de l’entreprise (c’est-à-dire ce qu’elle possède) et d’y soustraire son passif (c’est-à-dire ce qu’elle doit). Pour aboutir à un résultat interprétable, il est toutefois nécessaire d’actualiser ces éléments actifs et passifs et de les reconsidérer selon la valeur qu’ils représentent aujourd’hui, dans le contexte présent de la revente. On parle alors d’actif net réel et de passif net réel.
La méthode patrimoniale se confronte à d’autres méthodes d’estimation de valeur, à savoir :
- La méthode des comparables ;
- La méthode prospective.
La première consiste à comparer son entreprise à d’autres présentant des caractéristiques similaires, et ayant récemment fait l’objet d’une cession. La méthode prospective se concentre quant à elle sur la trésorerie. Il s’agit alors de déterminer les flux de trésorerie disponibles et de les actualiser.
Chacune de ces techniques mesure donc la valeur selon des critères différents. Si l’utilisation conjointe de ces trois méthodes permet d’affiner le résultat, la méthode patrimoniale se révèle être une première approche pertinente.
Comment concrètement mettre en œuvre la méthode patrimoniale ? Explications
Pour calculer la valeur de l’entreprise à partir de la méthode patrimoniale, il s’agit d’abord de décortiquer le bilan comptable de l’entreprise. Vous pourrez ainsi commencer par déterminer l’actif net comptable (ANC).
Pour ce faire, la démarche consiste à recenser les biens possédés par l’entreprise, puis de faire la somme de leurs valeurs à leur coût d’acquisition en prenant en compte d’éventuels amortissements et/ou dépréciations. Vous obtenez alors l’actif net. Pour obtenir l’actif net comptable, il s’agit ensuite de soustraire les dettes exigibles à court, moyen et long termes effectives au moment de la cession, ainsi que les provisions.
En résumé, voici la formule de l’actif net comptable :
Actif immobilisé (éléments durables) + actif circulant (éléments non durables) – dettes = ANC
Une fois l’ANC défini, il vous reste dans un second temps à déterminer l’actif net réel, que l’on appelle aussi actif net comptable corrigé (ANCC). Cet actif net réel se résume à une correction de l’actif net comptable, duquel on a retraité plusieurs postes du bilan pour l’actualiser. Il convient alors de revenir sur les immobilisations en considérant les prix actuels du marché, les stocks, les créances, la trésorerie… Sans oublier les éléments qui constituent le passif de l’entreprise.
Pourquoi utiliser la méthode patrimoniale ?
La méthode patrimoniale a l’avantage de reposer essentiellement sur la somme algébrique des actifs de l’entreprise et de ses dettes et engagements. Sa simplicité permet alors de résumer l’entreprise à ces éléments actifs et passifs, que l’on superpose et dont on identifie les valeurs indépendamment. Elle est donc très détaillée et donne un résultat précis, le plus adéquat possible avec la situation actuelle de l’entreprise.
Cette méthode démontre son utilité lorsqu’elle est appliquée dans le cas :
- D’une TPE ;
- D’une PME ;
- Ou d’une entreprise de taille intermédiaire.
Parce qu’elle prend en compte le patrimoine d’une entreprise, ses actifs réels et concrets, elle correspond très bien aux secteurs de l’industrie et de l’immobilier. Il est particulièrement conseillé de l’utiliser quand l’entreprise possède un nombre important d’actifs.
Quelles sont les limites de la méthode patrimoniale ?
Malgré ses nombreux avantages, la méthode patrimoniale a aussi, comme toutes les autres, quelques inconvénients.
Le premier concerne le fait qu’elle ne s’applique pas à tous les types d’entreprises. Elle n’est par exemple pas adaptée aux sociétés de prestation de services, qui ne reposent pas autant sur leur capitalisation et dont la valeur patrimoniale est faible. Elle manque également de pertinence dans le cas d’une start-up, qui n’a généralement pas un historique assez large pour permettre un résultat fiable et précis.
Le second « défaut » de la méthode patrimoniale est lié à la difficulté de savoir comment évaluer les actifs de l’entreprise. En effet, il faut pouvoir considérer l’avenir réservé à la société, à savoir une cession complète ou une continuation du processus d’exploitation. Dans le premier cas de figure, l’idée est de déterminer la valeur de marché, dans le second il s’agit plutôt de définir une valeur d’usage.
Tous les éléments du bilan ne sont pas non plus pris en considération dans la méthode patrimoniale. Le « goodwill » (en d’autres termes la marque, sa notoriété, son savoir-faire et sa rentabilité) en est par exemple exclu.
La méthode patrimoniale est donc un très bon indicateur si elle est appliquée dans les bonnes conditions. En évaluant le passé de l’entreprise, ensuite remis dans le cadre de la situation actuelle, elle donne une première mesure de la valeur réelle qui pourra ensuite être affinée par une méthode d’évaluation complémentaire.
